Que l’été est doux à We Love Green ! Deux jours au bois de Vincennes, deux jours de pur bonheur ! Musique à gogo, performances hallucinantes, ambiance bon enfant, stands à foison avec de quoi se régaler, à boire et à manger, le tout sous une météo clémente… Quelques coups de soleil plus tard, nous vous exprimons tout notre amour pour le We Love Green 2017 !
Un samedi torride à We Love Green !
Dès notre arrivée, après nous être imprégnés du lieu, et avoir repéré les trois scènes répondant aux doux noms de la Prairie, la Clairière, et Lalaland, nous fonçons voir Pépite pour une entrée en matière agréable sous le soleil. Le groupe séduit calmement son auditoire, en français s’il vous plaît. Un comité d’accueil des plus plaisants avant de nous planter devant L’Impératrice sur la scène principale : la Prairie. Pas un nuage dans le ciel, pas une tache obscure dans la performance décontractée, sobre, et terriblement relaxante de la joyeuse petite bande qui enchaîne ses tubes « Sultan des Îles », « Vanille Fraise », ou encore « Agitations Tropicales » devant un public conquis dansant au rythme des pas de la chanteuse. Une demi-heure de Shame plus tard, nous retrouvons les cinq Australiens de Parcels qui confirment à quel point leur électro-funk décomplexée fait des merveilles en live.
On en redemande, on en veut encore, mais le programme de ce samedi est plus que chargé, avec des artistes qui font rêver partout, à ne plus savoir où donner de la tête, chapeautée pour éviter l’insolation, évidemment. C’est donc sous la tente au toit bleu mais à l’intérieur jaune et bouillant de Lalaland que nous allons nous déchaîner devant Agar Agar !
Nous avons la chance de pouvoir nous secouer juste devant la scène, l’espace étant pris d’assaut au point de devenir rapidement inaccessible. Les accents acid-disco du duo font mouche, plongeant tout le monde dans une folie ambiante des plus délicieuses. Celle-ci s’interrompt quelques minutes à cause d’un petit problème technique mentionné par Clara, avant de reprendre de plus belle ! Mention spéciale au vigile sur scène qui, pris aux tripes par la musique, s’est mis à danser comme jamais, comme possédé, nous livrant un show improvisé tout simplement magistral ! Si tu nous lis, sache que nous ne t’oublierons pas de sitôt, et que nous espérons revoir ton move endiablé très prochainement. Pense à t’associer à Agar Agar, ta contribution à leur fantastique concert n’est pas négligeable.
Nous redescendons en terme de rythme effréné avec Benjamin Clementine sur la scène principale. Mais redescendre en terme de rythme effréné ne veut pas dire redescendre en terme de puissance musicale, loin de là. Clementine à son piano dispose d’un charisme et d’une présence phénoménales, sa voix vibrante conférant toute son âme à son « Condolence », qu’il fait entonner au public de We Love Green… certes avec un peu de difficulté au début, les personnes présentes ne comprenant pas intuitivement où il veut en venir.
Comment dit-on « Envoyer mes condoléances » en français ?
Une fois que les gens ont compris son intention, l’atmosphère est devenue proprement magique, dans une communion musicale des plus jouissives. Plus tard, le public sera conquis par Solange, qui n’a rien à envier à sa soeur Beyoncé qu’elle reprendra d’ailleurs, au bonheur de ses admirateurs ! Tout de rouge vêtus, ses musiciens, choristes et elle assurent le spectacle avec une grâce passant par des chorégraphies raffinées. Voix, mouvements et énergie se sont savamment conjuguées : la classe, tout simplement.
Pour conclure cette journée sur la Prairie, ce sont les très attendus membres de Justice qui ont assuré, dans une atmosphère électrisante ! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont commencé fort, avec un mix de leur culte « D.A.N.C.E. », qui fête déjà ses dix ans cette année, et de « Safe and Sound », comme s’ils avaient voulu expédier ces morceaux ultra-populaires pour chauffer la foule s’étendant à perte de vue, et passer à des morceaux plus hard comme « Genesis » ou « Phantom », qui vieillissent d’ailleurs extrêmement bien !
Survolté, le public s’agite dans tous les sens, mais le concert s’arrête brutalement à minuit. Les lumières se coupent, la musique aussi, une fois « We Are Your Friends » terminée. C’est tout ? Un léger goût amer d’inachevé nous reste en bouche, malgré un show spectaculaire et énergique. Le duo semble s’en aller comme des voleurs. Tout le monde part, s’en va voir Richie Hawtin à la Clairière. Mais quelque chose cloche, j’en ai la certitude. Je décide de rester, d’attendre. Et qu’est-ce que j’ai bien fait ! Vers minuit dix, un son part, plus de la moitié du public est partie, me voilà devant la scène pour entendre pendant environ un quart d’heure « Audio, Video, Disco », faisant office de récompense pour les fans patients, toujours aussi déchaînés, galvanisés par un fantastique jeu de lumières ! Quelqu’un m’apprendra le lendemain que cette coupure de dix minutes n’était apparemment pas intentionnelle, mais qu’elle aurait résulté d’une panne informatique. Celle-ci aura été bénéfique pour une fin de concert pour privilégiés patients faisant office de cerise sur le gâteau de la justice ! Oui, c’était génial, et le lendemain n’a pas dépareillé !
Un dimanche pas comme les autres à Vincennes !
Qu’il est agréable de siroter un rafraîchissant smoothie gratuit au kiwi glané sur le stand dédié (non, ce n’est pas du placement de produit) devant François & The Atlas Mountain ! En ce dimanche après-midi, nous virevoltons de stand en stand, goûtant un peu tout et n’importe quoi, solide ou liquide, croisant la guitare électrique entraînante de Petit Fantôme, et la reprise en portugais de « Space Oddity » de David Bowie par Seu Jorge, que l’on a pu entendre dans la bande-son du film La Vie Aquatique de Wes Anderson en 2004. Nous nous sommes désinhibés devant l’Australien Alex Cameron, auteur de l’un des meilleurs albums de l’an passé, sous la tente du Lalaland. Quel pied !
Le concert de Camille sur la Prairie a été une excellente surprise pour moi ! Contrairement à Solange habillée en rouge la veille, c’est en bleu que Camille et son entourage se sont présentés à nous. Je trouve au départ l’ensemble ennuyeux, plat, mou et inanimé, les titres comme « Fontaine de lait » ne me captivant pas le moins du monde. J’hésite à partir, puis… Revirement de situation ! La chanteuse s’emballe, commence simultanément à chanter, à danser dans un torrent d’énergie salvatrice qui suscite l’adhésion de tous ! Camille révèle un jeu de scène fantastique, notamment sur « Paris« , et ce que je subissais au début se mue en l’un des meilleurs concerts de ce We Love Green !
Mon petit passage au Think Tank, espace dédié avant tout aux conférences, a été l’occasion d’une belle découverte grâce aux sons électroniques de Rubin Steiner et Charles Berberian. Une petite foule s’est formée devant la pyramide, bien déterminée à groover.
Si j’avais déjà pu voir Anderson .Paak lors du Cabaret Vert à Charleville-Mézières l’an dernier, excellent festival auquel ce We Love Green fait penser à certains égards, force est de constater que l’homme et ses Free Nationals sont toujours aussi formidables, en attestent les pas de danse et les sauts d’une foule heureuse et conquise. Leur registre varié permet de séduire tous les auditeurs présents, les amateurs de hip-hop comme ceux qui préfèrent les relents plus funky de ces artistes du tonnerre. Encore un concert à succès après Camille !
Nous avons achevé ce festival avec le spectacle de Nicolas Jaar à la Clairière. Et quelle façon de finir ! Il est possible de résumer ce concert avec un adjectif, et avec un exemple. L’adjectif ? Transcendantal. Il suffisait de fermer les yeux pour vivre la musique, absolument incroyable, du compositeur d’origine chilienne. L’exemple ? Cette fille juste derrière moi qui a fondu en larmes sous le coup de l’émotion que lui procurait le live.
Et pourtant, il aura pris son temps, notre ami Nicolas ! Une demi-heure d’introduction, une demi-heure de montée qui put paraître décevante pour beaucoup, presque interminable puis… L’explosion qui a mis tout le monde d’accord. Du régal, un délice musical et sentimental. Entre les versions studios des ses titres et les versions live, il y a un monde. Si les unes et les autres sont fantastiques à leurs manières respectives, nul doute que ce concert final à la Clairière aura marqué les esprits, tout autant que ce danseur fou qui a escaladé seul une petite tour pour exprimer corporellement son amour pour le set de Nicolas Jaar.
Il est aisé de le comprendre : n’importe qui aurait voulu faire pareil en entendant la version live de « Space Is Only Noise If You Can See ». Ce fut donc une fin de We Love Green tout simplement fantastique pour nous, venant conclure en apothéose un festival s’affirmant ni plus ni moins comme l’un des meilleurs de France. À l’année prochaine !
Un grand merci à ma collègue Adriana Musić pour ses superbes photos.