Le duo rémois The Shoes était de passage à Paris lors de l’opération Talent du Live pour laquelle ils sont les parrains. Alors qu’ils ont désigné comme grand gagnant le groupe Mr Crock, nous sommes revenus avec eux sur le climat de l’indutrie musicale actuel, en prévision de la sortie de leur nouvel album répondant au doux nom de Chemicals, attendu pour début 2015.
Hello Guillaume, Benjamin, on avait déjà largement parlé l’an dernier (interview ici) à propos de votre collaboration avec Talent Live. Il y a un point que nous n’avions pas abordé à cette occasion : votre vision du support musical. Vous l’écoutez comment aujourd’hui ? Spotify, CD, Vinyle… ?
G : On écoute la musique de manière totalement différente. Benjamin n’écoute que du vinyle, avec du son propre sur une très bonne chaîne.
B : il m’arrive aussi d’écouter du son en mp3, et quand ça me plait vraiment, je passe au vinyle.
G : Moi j’écoute plus sur mon ordi, ou mon portable… j’ai complètement embrassé la technologie. Ce qui fait aussi que j’écoute sur des supports pas toujours de bonne qualité, des fichiers mp3 pas tops.
On entend dire de plus en plus que l’avenir (économique) de la musique, c’est le live. Vous avez cette impression-là ?
G : On a remarqué une inflation sur le coût des artistes, qui vendent moins de disques. Pas sur le billet, mais sur le coût pour les promoteurs de soirées.
B : C’est vrai après que les gens se déplacent plus en concert, et puis tant mieux. Le disque ça ne se vend plus. C’est clair que le live, c’est le milieu le plus rentable aujourd’hui pour un artiste.
G : Non, c’est même le seul budget rentable en fait. Après, loin de nous l’idée de nous plaindre.
Thom Yorke a sorti récemment son album surprise sur BitTorrent. Ce n’est pas son premier coup marketing. Il avait sorti gratuitement l’album de Radiohead In Rainbows il y a quelques années. Vous seriez capable de sortir votre prochain album gratuitement ?
G : Nous, on aime sortir des choses gratuitement, un titre inédit, un remix qu’on a joué en club.
B : Par contre tout sortir gratuitement, non. Des groupes comme Radiohead, ou Prince peuvent se le permettent.
G : Oui ce genre d’artistes peuvent le faire, nous on donne déjà pas mal de gratuit. On apprécie ça, ça nous permet d’avoir des retours très rapides. En mettant un lien de téléchargement sur Twitter ou Facebook, ça nous permet d’avoir des retours spontanés.
B : Pour Thom Yorke, c’est de l’enregistrement, de l’argent derrière, je pense que notre label ne serait pas vraiment d’accord !
Si aujourd’hui, vous deviez revenir dans les Shoes d’un petit groupe émergent. Vous feriez comment pour vous faire connaître et dans quel ordre ? Réseaux sociaux, démarchage de labels / majors, live dans les bars… ?
G : C’est difficile à dire. Déjà on ne se souvient pas comment on a fait. Nous il y a sept ans, c’était à l’époque de Myspace, il y a eu un engouement terrible, tu avais des titres à un million d’écoutes, c’était un mélange de tous les réseaux sociaux que tu peux trouver aujourd’hui, on a vraiment profité de ça. D’ailleurs, le jour où on a fermé notre page Myspace, j’ai versé une petite larme.
B : Il n’y a pas de règles aujourd’hui. Il faut que tout soit en corrélation. Il y a des groupes qui font buzzer, et il n’y a rien derrière, comme d’autres qui n’utilisent pas tous ces éléments, et qui arrivent à marcher aussi.
G : Nous, on est arrivés, on voulait être anonymes, parce qu’on avait eu d’autres projets avant, on avait juste pris en photos nos chaussures, et surtout, on avait publié une fausse tournée, avec une date en Turquie, au Japon, aux Etats-Unis, et ça a pris tout de suite ! « C’est quoi là ce groupe français qui tourne partout » , pour nous ça avait marché. Mais maintenant il y a trop de concurrence, avec des centaines de nouveaux producteurs de rap, d’électro qui émergent tous les jours. Il faut jouer sur l’originalité. Et, avant tout, faire de la bonne musique…
Dernière question pour la route : votre GROS coup de cœur du moment ?
G : Le dernier album de SBTRKT. Sans aucun doute !
B : Chancha via Circuito. C’est pas très connu et en même temps je trouve qu’il y a un côté moderne, ce n’est pas que pour des gens qui écoutent des choses trop pointues.
Merci à vous et bon courage pour votre album ! Un petit mot à ce propos peut-être ?
G : Merci ! Il est presque fini, là on est en train de finir le mixage.
B : Il y aura des featurings, toujours, mais on ne peut pas dévoiler les noms maintenant…
G : Pour les featurings, on va aller chercher des artistes qu’on connait et qu’on apprécie, pas forcément des grosses têtes d’affiche. On n’a pas envie de faire un album de producteurs mais plutôt d’organiser de vrais échanges.
B : Ce qu’on peut dire, c’est que l’album sera un peu plus dur…
G :… et que ça va s’appeler Chemicals !